Tuesday, September 15, 2009

Plaidoirie d'un imbécile

Etre stupide, selon le petit Robert: qui est atteint d'une sorte d'inertie mentale; qui a peu d'intelligence ou de sensibilité.
Selon cette définition, il semblerait que la connerie soit une affection congénitale. Les imbéciles seraient donc aux prises avec une fatalité définitive que seule leur inertie mentale leur permet d'oublier. Il est important de souligner le caractère inéluctable de cette condition: on naît stupide, on ne le devient pas.
Il faudrait donc cesser de mépriser les gens stupides, et commencer à les considérer avec un peu de compassion. Sinon, ne risquerait-on pas de sombrer du côté des eugénistes? Parlons-en des eugénistes... Ces gens-là voudraient exterminer les crétins afin d'améliorer l'Espèce. Évidemment, ils ne se sont jamais demandé si leur propre manque de sensibilité ne fasse en sorte qu'ils se voient obligés de s'exterminer eux-mêmes, trop cons qu'ils sont pour se l'imaginer. Les eugénistes forment donc l'élite des tarés, et pour ne pas en faire partie, la seule issue est de les considérer avec une bienveillante commisération. N'était-ce pas le message du Christ lui-même? "Vous êtes tous cons, mais je vous aime comme vous êtes."
On pourrait cependant objecter que cette vision de la chose relève d'un déterminisme odieux, et que la définition même de l'humain est son libre arbitre, sa capacité de décider, de choisir ce qu'il deviendra. Dans cette perspective, une personne à l'intelligence fertile et douée de bon sens mais un peu impatiente pourrait, sans risque d'entrer dans le clan des salauds, mépriser de toutes ses forces l'espèce des crétins. Car ces crétins le seraient par choix, et non par fatalité.
L'apôtre de la Sagesse prônerait sans doute une approche plus mitigée devant l'être idiot. Il tenterait de déterminer si son débilisme est héréditaire ou s'il a été fabriqué. Mais même rendu là, si l'on considère le choix même de devenir crétin, c'est sans doute faire preuve d'idiotie, et on serait porté à croire qu'il n'existe qu'une seule vraie catégorie, celles des connards nés. L'apôtre de la Sagesse finirait donc par les prendre tous en pitié et passerait son chemin.

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